Marie Louise BIRCKEL, un destin hors du commun

C’est suite à l’évocation d’un article du journal l’Union, par mon frère Bertrand, que je voulus en savoir plus sur cette institutrice au destinct exceptionnel. Voici donc son histoire et les liens étroits, tissés avec les membres de la famille COUROT-VAILLIER.

La famille Louis COUROT – Lucie VAILLIER (Mme Louis COUROT)

Préceptrice avant guerre…

À Vieux-Monthier, en 1909, Marie BIRCKEL est employée, à 21 ans, comme préceptrice des enfants COUROT-VAILLIER. Cette jeune femme est originaire de Variscourt, village au nord de Reims, dans l’Aisne, lieu dans lequel les cousins de la branche JACQUEMART (Alfonse Edmond HÉDOIN – Félicie Ernestine CHEVALIER “Félicie”) possédaient une importante ferme de culture.

Peu avant la naissance de Simone, la petite dernière, les enfants sont envoyés à Variscourt chez leurs cousins où Marie continua à assurer la continuité de l’enseignement. Peu de temps après l’arrivée de Simone, tout ce petit monde retourna à Vieux-Monthier.

…espionne par la suite

À la déclaration de guerre, la préceptrice retourne à Variscourt, qui fut occupé dès le 13 septembre 1914 par les Allemands, qui firent évacuer le village bombardé, en décembre de la même année. Elle se retrouva à Laon. En mai 1915, elle réussit à s’infiltrer dans un train de réfugiés à destination de Genève en Suisse. Elle profite de son trajet pour noter les positions et mouvements des troupes ennemies, l’emplacement des terrains d’aviation et des dépôts de munition. Une fois arrivée à destination, elle atteint la ville française frontalière d’Annemasse et alla divulguer ses informations, observées sur place dans l’Aisne, ainsi qu’au cours de son périple.

Décidée à en faire plus, elle insiste auprès des services de renseignement français, et retourne à Paris, à la mairie du Xe arrondissement, où a emménagé le comité de l’Aisne : elle est en charge de récolter les témoignages des réfugiés de son département. Grâce à cela, en début d’année 1916, elle informe l’état major du déplacement de la Garde prussienne en direction de Verdun.

Elle obtient, en février 1916, une autre mission : implanter un groupe d’observateurs dans la région d’Hirson, près de la frontière belge, plaque tournante du trafic ferroviaire. Pour cela, elle rejoint le siège du bureau interallié de renseignements, à Folkestone où elle suit une courte période d’instruction. Elle passe sous les ordres de Paul WALLNER, chef de la délégation française et devient Marthe BENOIT, matricule M 300 “soldat au corps d’observation”.

Elle rejoint les Pays-Bas, et doit traverser la frontière belge contrôlée par les allemands. Après plusieurs tentatives avortées, c’est un nouveau passeur, Émile FAUQUENOT, alias Petit, le futur mari de Marie, qui est en charge d’assurer l’infiltration. C’est un jeune homme pugnace et efficace, le courant passe tout de suite entre les jeunes gens. Malheureusement, c’est encore un échec. Elle finit toutefois par rejoindre la Belgique mais se fait arrêter et emprisonnée par les Allemands, en mai 1916. Il en fut de même pour Émile, qui apprenant la captivité de Marie, voulu la rejoindre et fut stoppé dans son entreprise à la frontière Belge, en territoire néerlandais.

Elle sait cependant, de sa prison de Liège où elle est détenue, poursuivre sa mission pendant deux ans grâce à diverses complicités (la fenêtre de sa geôle donnait sur l’artère principale de Liège où passaient les convois de soldats et de ravitaillement allemands ainsi que les convois de blessés qui remontaient du front).
Le 26 juillet 1918 elle passe devant le conseil de guerre allemand de Liège. Proposée pour la peine de mort, elle voit sa peine transformée en celle de travaux forcés. Incarcérée à Siegburg près de Cologne, puis à Delitzsek (Saxe) elle est libérée par les révolutionnaires allemands après trente mois de détention.


Émile FAUQUENOT et Marie BIRCKEL

Chevalier de la Légion d’Honneur pour faits de guerre, Croix de Guerre avec citation à l’Ordre de l’Armée, Chevalier de l’Ordre de l’Empire Britannique, titulaire de la Carte du Combattant.

Après la guerre, Marie BIRCKEL épouse le responsable de son réseau de renseignement Emile FAUQUENOT et tous deux quittent la France pour le Moyen Orient où il resteront vingt cinq ans.

Servant d’abord dans l’administration des mandats de Syrie et du Liban, en particulier comme Conseiller du Ministre Syrien pour l’Intérieur, Emile FAUQUENOT sera nommé en 1941 délégué du Haut Commissaire au Levant pour la Syrie du Nord.

Lorsqu’en 1947 il est nommé délégué du Haut Commissaire pour la zone marîtime du Tonkin à Haïphong, Marie BIRCKEL reste avec ses enfants à Paris.

Elle le rejoindra ensuite au Maroc alors qu’il est “Chef de la Région Civile de Casablanca”.

Après cette dernière affectation, tous deux s’installent à Versailles auprès de leurs enfants et petits-enfants.

Une famille brisée

À l’age de 7 ans, elle perd son père, terrassé par un arrêt cardiaque dans une rue de Château-Thierry en 1895.

En 1913, son seul frère, Gabriel, tue sa propre femme et se fait exploser la cervelle par la suite, laissant deux garçons orphelins.

“Elle fut très affectée en 1913 par un drame familial chez son frère.”

Marie COUROT-MENU – Souche d’Argonne

Les enfants sont recueillis par la mère de Marie, leur grand-mère, qui meurt, en octobre 1914, d’une dysentrie.

VAILLIER – BIRCKEL, un lien étroit

Lucie VAILLIER fut témoin, le 30 janvier 1919, du mariage de Marie et d’Émile (Ci-contre, à droite, extrait de l’acte de mariage avec la signature de Lucie VAILLIER).

Ses cousins, les GÉMINEL, ont apparemment conservé des liens très étroits, tel que le montre la photo ci-dessous.

Noter aussi la présence, comme témoin de son mariage, de Paul WALLNER, son responsable des renseignements.

Sources :

Pour aller plus loin :

2 réponses à “Marie Louise BIRCKEL, un destin hors du commun”

  1. […] [2] Pour en savoir plus, voici le lien vers l’article « Marie Louise BIRCKEL, un destin hors du commun«  […]

  2. […] [2] Marie Birckel est l’institutrice privée des enfants Courot de 1909 à juillet 1914. Elle est sur la photo de la famille Courot-Vaillier de cet article. C’est aussi une grande résistante. Pour en savoir plus sur sa vie passionnante :https://entre2rives.family/2021/08/06/marie-louise-birckel-institutrice-espionne-et-resitante/ […]

Laisser un commentaire

Blog at WordPress.com.

%d blogueurs aiment cette page :