La ligne 6 bis

En date du 21 février 1916, au lancement de la bataille de Verdun par les Allemands, seuls deux tronçons de communication, pour rejoindre la zone de combat, sont aménagés côté Français : la route de Bar-le-Duc à Verdun (voie sacrée) et le chemin de fer du “Meusien”, appelé aussi le Varinot.

Ces voies, cordon ombilical du ravitaillement des troupes, aux premiers mois de cette bataille, n’étaient pas, initialement, adaptées pour ce conflit. Il a fallu des aménagements importants effectés en 1915 par l’état major, conscient des faiblesses des infrastructures dans cette zone. La voie sacrée, chemin mal aisé, fut élargie afin de pouvoir permettre la circulation dans les deux sens. Le chemin de fer, d’intérêt local, a vu ses voies doublées sur certaines parties de son parcours et subit de nombreuses autres modifications : embranchements, allongements des quais…

Deux jours après le début des combats, la décision fut prise de construire la ligne 6 bis à voies normales, reliant la gare de Sommeille-Nettancourt [1] à Dugny, embranchement de la ligne 6 de Vouziers à Revigny [2]. Cette décision s’appuie sur une étude de 1915 qui en avait décrit les contours et présenté la faisabilité.

Ces travaux de construction, nécessitèrent l’intervention de 8 000 hommes du 5ème régiment du Génie [3]:

  • 7 compagnies de sapeurs de chemins de fer
  • 10 bataillons de travailleurs auxiliaires
  • 1 bataillon indochinois (700 soldats)
  • travailleurs algériens, malgaches, prisoniers allemands.

Ce chantier, pour la pose de 85 km de voies, nécessita 420 000 m3 de terrassements et fut finalisé en 3 mois (1 mois avant la date prévue). Les travaux débutèrent le 10 mars, à chaque extrémité du parcours. La section Sommeille-Nettancourt – Fleury-sur-Aire fut la première portion a être mise en circulation le 17 mai. Le long du parcours , fut construit 8 gares de ravitaillement (Laheycourt notamment) et quatre hôpitaux d’évacuation.

Il y circula 60 trains par jour, et on y transporta 3 fois plus de fret que la voie sacrée et 10 fois plus que le “Meusien”. Malgré son importance lors de la bataille de Verdun, elle fut oubliée de l’histoire et déferrée dès 1919. Elle disparue donc rapidement des mémoires et du paysage.

Ferme de Vieux-Monthier, Passage du train de la ligne 6 bis en arrière plan.
Archive personnelle de Sabine

À Vieux-Monthier, territoire traversé par cette ligne, il en resta des traces : triangle de retournement et ses quais, que l’on peut voir sur les photos aériennes anciennes. Le “parc du Génie”, terrain au dessus du triangle conserva le nom de l’époque.

Pour visualiser le parcours de la ligne et voir des photos d’époque ou les traces du parcours dans le paysage actuel, je vous invite à consulter la vue aérienne du périmètre de Vieux-Monthier, à l’aide du lien ci-dessous. Les infrastructures de l’époque y sont représentées : le terrain d’aviation, les trois grandes lignes de chemin de fer et leurs parcours . Vous pouvez zoomer, déplacer la carte, cliquer sur les différents éléments graphiques : bonne navigation.

Lien vers la carte. Ci dessous, capture écran de la carte.

Notes et références :

  • [1] Le village de Sommeille fut rebatisé Sommeilles après la guerre. La gare en question était située entre les deux villages de Nettancourt et Sommeilles, sur la route départementale D27.

Laisser un commentaire

Blog at WordPress.com.

%d blogueurs aiment cette page :