Plusieurs branches de ma famille furent durement impactées par la Première Guerre mondiale, avec un grand nombre de jeunes gens qui périrent au combat. D’autres furent blessés et durent subir les conséquences pendant de longues années, comme un poison qui se diffuse lentement. Ce fut le cas de Jean Campet, mon grand-père paternel.
Né en 1897 à Linxe (Landes), il fut incorporé à l’armée, le 8 janvier 1916, à l’âge de 18 ans, dans le 108ème régiment d’infanterie [1] dont les casernes étaient situées à Bergerac, en Dordogne.
Dans un premier temps à l’arrière pendant environ sept mois, il fut envoyé sur le front à compter du 27 juillet 1916. Il y resta un peu plus de deux mois et fut ramené à l’arrière le 5 octobre 1916 pour raisons de santé [2].
Son état ne cessa de se dégrader au fil du temps.
En décembre 1917, il avait été proposé pour un congé de réforme temporaire en raison d’une diminution de la respiration des deux poumons et d’une séquelle de péritonite tuberculeuse opérée.
La péritonite tuberculeuse est une inflammation de la muqueuse qui tapisse la paroi abdominale et recouvre les organes digestifs, appelée péritoine. Cette inflammation est due à une infection par la bactérie Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch), qui est également responsable de la tuberculose. La péritonite tuberculeuse est une forme relativement rare de la tuberculose, mais elle peut causer des douleurs abdominales, de la fièvre, de la perte de poids et des nausées, entre autres symptômes. Si elle n’est pas traitée rapidement, elle peut entraîner des complications graves et potentiellement mortelles.
En 1918 et 1919, il avait été maintenu en réforme temporaire pour des problèmes pulmonaires et des séquelles de péritonite bacillaire.
En 1920, sa réforme temporaire était devenue définitive en raison d’une sclérose des deux sommets pulmonaires et de séquelles de péritonite bacillaire opérée. En 1921, il avait été confirmé en réforme définitive avec une pension permanente de 40%.
En 1932, sa situation semblait s’être encore aggravée puisqu’il avait été admis à une pension temporaire à 100% au 5ème degré pour orchi-épididymite bilatérale, troubles pulmonaires et séquelles de péritonite bacillaire.
Il décéda le 22 juin 1941, très probablement des suites de ses blessures de guerre. Le premier antibiotique pour le traitement de la tuberculose, la streptomycine, fut découverte en 1944. Il est né trop tôt pour qu’il ait pu être soigné. À la date de son décès, sa fille Christiane (ma maman) venait d’avoir 9 ans.

Buraliste à Uza
À l’origine, dans une logique de reconnaissance des services rendus, des emplois sont réservés pour les anciens soldats. La loi du 17 avril 1916, élargit cette directive aux mutilés de guerre. La classification pour le choix de l’octroi du poste, se fait via la composition familiale, premier critère d’éligibilité.
Le 16 septembre 1922, passe au journal officiel, la demande d’octroi d’un poste de receveur buraliste pour Jean Campet [3].
Le 9 novembre 1922, il est nommé, par M le conseiller d’état, directeur général des contributions directes, receveur buraliste à Uza (Landes) [4].

Le 23 novembre 1922, Jean Campet comparaissait au greffe de la justice de Paix du canton de Castets (Landes), afin de prêter serment.
Ci-dessous : serment de Jean Campet au greffe de la justice de paix de Castets (Landes) – archive familiale.
“Je jure et promet de bien et loyalement remplir mes fonctions et d’observer en tout les devoirs qu’elles m’imposent”.
“Je jure et promets en outre, de distribuer sans altération et aux prix fixés les tabacs qui me seront confiés par l’administration, de faire connaître à la régie les fraudes et les contraventions qui viendraient à ma connaissance et de coopérer à tous les procès-verbaux, saisies et arrestations des contrevenants dés que j’en serai requis par les préposés ou agents publics ayant droit de verbaliser”.
Les emplois étaient normalement octroyés pour 5 ans, mais pouvaient être renouvelés. Je ne sais pas combien de temps il avait occupé ce poste. Je peux juste dire que lors du recensement de 1931 [5], il est mentionné “receveur buraliste cordonnier”. Pour celui de 1936, aucune mention n’est faite sur sa profession [6].
Notes et références :
Remerciements à ma cousine Catherine, ancien médecin, qui m’a aidé à comprendre l’état de santé de mon grand-père.
[1] Historique du 108e régiment d’infanterie. 1914-1918 : la grande guerre
Éditeur : Impr. générale du sud-ouest (Bergerac) Date d’édition : 1919
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6413362h
[2] Archives des Landes 1225 W 9
Ministère de la guerre 18ème région – subdivision de Mont-de-Marsan
Registre matricule du recrutement. Classe de 1917.
Campet Jean – Matricule 751 page 364. Détails des services et mutations diverses.
[3] Journal officiel de la république française – Numéro 251. Avis concernant les emplois réservés
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6447512c/f33.image.r=(prOx:%20%22108e%22%2010%20%22campet%22)?rk=21459;2
[4] L’express du midi – édition de Toulouse – 19 novembre 1922 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5387130k/f2.item.zoom
[5] Recensement Linxe 1931 – 6 M 301 page 4 : https://archives.landes.fr/ark:/35227/s005a5a6566030a1/5c06719f059ab
[6] Recensement Linxe 1936 – 6 M 262 page 2 https://archives.landes.fr/ark:/35227/s005a5a65667ed1b/5acf3d5627f2f
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