La fin tragique de la IIIème république

En juin 1940, l’armée française est en déroute. Paul Reynaud, alors président du conseil [1], fait venir le maréchal Pétain dans son gouvernement. Sa figure consensuelle, héros de Verdun, est pense-t-il, à même de rassurer les français. Paul Reynaud est favorable à la poursuite de la lutte contre l’invasion allemande, contrairement à la majorité de ses ministres et de l’état-major. Il démissionne, et c’est le maréchal Pétain, agé de 84 ans et favorable à l’arrêt des combats, qui le remplace, nommé par le président de la république Albert Lebrun.

Paul Reynaud à gauche et le général Pétain à gauche. 1940

Le nouveau président du conseil, constitue son gouvernement et demande l’armistie le 22 juin 1940. La France se retouve coupée en deux : zone occupée, zone libre. Le 30 juin, le gouvernement se réfugie à Vichy, en zone libre, dont l’arrivée des fonctionnaires, des parlementaires et de leurs familles va faire passer la ville de vingt mille à cent mille habitants.

C’est dans cette localité, que le 10 juillet 1940, les 846 parlementaires (544 députés et 302 sénateurs), sont convoqués au grand casino de Vichy, par le président de la république Albert Lebrun, à la demande du président du conseil, Philippe Pétain. Il leur est demandé de voter les pleins pouvoirs à Pétain pour rédiger une nouvelle constitution.

176 parlementaires sont absents ce jour là. Nombre d’entre eux ne peuvent se déplacer du fait de la guerre. 17 sont décédés. 27 ont rejoint l’Afrique du nord et ne sont pas autorisés par le gouvernement, à revenir en France pour le vote[2] . 61 communistes sont déchus du fait de n’avoir pas condamné le pacte germano-sovétique.

Lors de la séance devant les parlementaires, aucun débat n’a lieu, Pétain n’est pas présent et c’est Pierre Laval, le vice-président du conseil, qui prononce le discours.

Au final, 669 élus prennent part au vote et une majorité approuve les pleins pouvoirs : 87,7% des suffrages exprimés. Louis Courot, 67 ans, sénateur de la Meuse, vote pour l’adoption [3].

Dès le lendemain l’assemblée est suspendue et Philippe Pétain, promulgue des actes constitutionnels qui lui confère les pleins pouvoirs. Louis Courot rejoint sa ferme à Vieux-Monthier (Meuse).

Les raisons du vote

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce fort pourcentage en faveur de Pétain. Sa stature rassurante, la sidération suite à la débacle rapide de l’allemagne, la séduction d’un pouvoir plus autoritaire, des opposants n’ayant pu participer au vote [2]

À la suite du vote, l’attitude des parlementaires vis à vis du régime de Vichy, dépend de leurs parcours individuels, plus que de leurs choix de vote [4]. Un prochain article sera consacré à l’action publique de Louis Courot pendant cette période trouble.

Notes et références :

  • [1] chef du gouvernement sous la troisième république. Le président de la république peut le nommer et le révoquer, mais sa décision doit être validée par les ministres.
  • [2] Le paquebot Massilia est perquisitionné pour permettre aux parlementaires de rejoindre l’Afrique du nord, afin d’organiser un gouvernement de résistance. Pendant leur trajet, le gouvernement change d’avis et refuse la scission du pouvoir, mettant fin à cette aventure. Le gouvernement les qualifie de déserteurs.
    Documentaire France 2 : 1940 le piège du Massilia.
  • [4] Les orphelins de la République ; destinées des députés et sénateurs français (1940-1945) – Olivier Wieviorka – Seuil L’Univers historique 3 Septembre 2015

Une réponse à “La fin tragique de la IIIème république”

  1. […] [1] voir précédent article : la fin tragique de la troisième république […]

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